Sport d’équipe

Le hasard

C’était au cours du premier dîner que nous avions partagé à Lavérune, dans les alentours de Montpellier. Nous n’avions fait connaissance que le matin même. Nous participions l’un et l’autre à un stage photo de portrait en lumière mixte. Mais, comme il arrive parfois, Mo et moi avions tout de suite éprouvé pour Jean-Christophe une vive sympathie. Il nous avait parlé des Voiles de Saint-Tropez qu’il aimait à photographier chaque année, en compagnie d’une groupe d’amis, pendant deux jours à bord d’un bateau de promenade, La Farandole. J’avais tout de suite manifesté mon intérêt.

L’affaire s’est vite conclue dans les jours qui ont suivi : il restait deux places le dernier mercredi de septembre pour compléter à 10 le nombre de photographes que La Farandole pouvait embarquer. Mo et moi avons bien sûr accepté d’en profiter.

Un journée en mer

Le jour-dit, nous avons rejoint l’équipe progressivement : d’abord au petit-déjeuner dans l’hôtel de La Croix Valmer où nous avions passé la nuit précédente. Jean-Christophe eut la gentillesse de nous y rejoindre pour nous présenter les autres participants. Le groupe s’est complété à Port Grimaud à l’embarquement sur La Farandole, puis à la sortie du port pour les deux derniers photographes.

La Farandole est un bateau de 15 mètres très fin, construit dans le style des commuters américains des années 30. Très élégant, ce bateau aux matériaux et au look anciens. L’ambiance est agréable et le restera toute la journée.

Il serait difficile d’être plus de 10 photographes à shooter, mais dans l’ensemble les conditions sont bonnes, chacun étant respectueux des autres.

Le mistral s’est levé ; il arrive par le fond du golfe. Le comité de course décide que les plus gros voiliers ne prendront pas le départ : trop de vent pour eux !

La ligne de départ traverse une partie du golfe si bien que les voiliers s’élancent vent arrière à ma grande surprise. On voit très vite arriver vers nous, postés aux alentours de la première marque de parcours, les plus rapides d’entre eux qui ont hissé leur spinnaker. C’est très spectaculaire, d’autant qu’il leur faut ensuite descendre et remballer le spi avant la marque de parcours. Pas toujours évident ! La manœuvre donne lieu à quelques scènes intéressantes pour nos images.

Périlleuse manoeuvre

Les voiles noires de plusieurs bateaux et la mer argentée par le vent et la lumière nous proposent de prises de vue très graphiques. J’avais emporté mes deux télé zooms, 70-200 mm et 100-400 mm que nous échangeons, Mo et moi, de temps à autre tout au long de la journée.

Lutte serrée

Bien sûr, shooter sur un bateau est un peu acrobatique, nous devons adopter des temps de pose très courts pour compenser le flou de bougé et figer quand même la scène photographiée, mais la lumière est belle et nous facilite la tâche.


Un peu plus tard dans la journée nous essayons des temps de pose beaucoup plus longs pour avoir des images floues. Le résultat semble intéressant. Nous faisons chacun une série de photos avec ce choix de prise de vue. Les miennes finiront par constituer une petite série qui sera exposée à PhotoMenton 2022 au mois de novembre de l’année suivante.

Petit délire

Je vous laisse découvrir quelques images de cette belle journée en mer.

L’accident

En fin d’après-midi, la régate se terminant pour ce jour-là, la Farandole a repris le chemin du retour vers son port d’attache. L’atmosphère était détendue à bord, nous étions gorgés d’images et de soleil. Un peu en mode ralenti. Nous avons dépassé un énorme voilier australien tout blanc qui avait fière allure : nous avons instinctivement ressorti nos appareils photos pour en garder un souvenir.

Le voilier blanc

Ce n’est que quelques minutes plus tard, alors que nous étions en train de visionner tranquillement les images du jour sur les écrans arrière de nos appareils que notre attention a été détournée. Par des cris : « vire, vire, il arrive sur nous ! » criait l’un d’entre nous au skipper qui a fait tout ce qu’il pouvait pour s’écarter de la route du beau bateau blanc. Trop tard ! Ce fut un choc violent qui me projeta à terre : le voilier venait de nous éperonner pas le trois-quart arrière, provoquant une voie d’eau.

Une fois les pompes mises en route pour écoper et le rendez-vous pris par radio avec le skipper du voilier, le retour à terre fut très silencieux. Envolées la joie et la belle ambiance de la journée.

Nous devions repartir très rapidement et je n’ai jamais réussi à savoir quelles furent les conséquences de cet accident. Nous gardons néanmoins le sentiment d’avoir évité quelque chose de beaucoup, beaucoup plus dramatique.

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