Road-Trip au long de la Loire – partie 1
Les raisons se sont ajoutées pour nous pousser, au début du mois de septembre, à faire un road-trip en France sur un parcours inhabituel : de Grasse à Amboise et retour.
Nous avions en effet deux rendez-vous à ne pas manquer dans le Loir et Cher, l’un près de Chambord et l’autre au-dessus de Chenonceaux le lendemain ; nous avions aussi dix jours de disponibles (pas un de plus : toujours l’effroyable emploi du temps des retraités surbookés !), et seulement cinq journées pour rejoindre ces belles et fameuses destinations du Loir et Cher avant nos rencontres programmées. La Loire nous est alors apparue comme le thème idéal et aussi le guide naturel de ce voyage. Il suffisait de rejoindre au plus vite le fameux Mont Gerbier de Jonc (ça vous rappelle les livres de géographie de votre enfance, non ?), avant de se laisser porter par le cours imprévisible de ce fleuve aux multiples facettes.
Concilier planification et improvisation
Si tout était programmé à l’avance, si tous les guides touristiques et les blogs de voyage avaient été décortiqués pour savoir ce qu’il ne faut pas manquer dans les régions traversées, si les photos des sites à voir avaient été regardées d’avance et en grand nombre sur internet, si le trajet était rigoureusement défini avec les routes à emprunter et les horaires à respecter, si les hébergements avaient été réservés et même les restaurants dans lesquels déjeuner, si tout cela avait été fait, … où serait le plaisir de voyager ? Le plaisir de faire des rencontres imprévues ? De découvrir avec un regard neuf des sites encore inconnus de nous, voire totalement méconnus ? De musarder le long d’itinéraires improbables (la France est si belle !), de se perdre, de choisir notre chemin sur une vraie carte papier qu’on étale sur le capot de la voiture, de s’attarder autour d’une table sympathique recommandée par un personnage rencontré deux heures plus tôt ? Et surtout de faire quelques photos en prenant son temps (important pour des photographes comme nous) ?
Vous l’avez compris, nous devions certes respecter nos rendez-vous planifiés, mais, pour autant, il n’était pas question de renoncer à notre façon naturelle de voyager.
Les plaisirs d’un road-trip
En fait nous détestons les autoroutes et nous adorons, Mo et moi, les petites routes (très) peu fréquentées : après tout pourquoi se priver d’utiliser en France ce réseau routier si dense et si bien entretenu qui n’existe guère dans beaucoup d’autres pays et qui nous permet d’errer au coeur de nos belles régions. Et puis, nous préférons les chambres d’hôtes aux hôtels pour le cadre familial et authentique qu’on y trouve dans la plupart d’entre elles. Nous les réservons le plus souvent quelques heures seulement avant d’arriver (vive les portables et internet) puisque nous ne maîtrisons à l’avance ni notre trajet, ni notre horaire. Après l’accueil le plus souvent convivial et la découverte de la maison que les propriétaires ont le plaisir de nous montrer en nos expliquant les travaux d’aménagement qu’ils ont dû réaliser, notre bonheur est complet si nous pouvons passer la soirée autour d’une table d’hôtes avec nos hôtes précisément et/ou quelques visiteurs de passage : il nous est arrivé si souvent d’y faire des rencontres passionnantes ! La cuisine peut être familiale ou plus sophistiquée, elle est presque toujours vraiment authentique et fait souvent appel aux légumes du potager, aux cueillettes de la famille ou aux oeufs de la basse-cour. Quant aux visites que nous effectuons dans la journée, elles laissent une large part à l’improvisation et aux découvertes du hasard. Loin de nous l’idée de tout voir ou de ne rien rater des « immanquables » de la région : l’humeur et l’envie du moment sont nos seuls guides. Bien sûr quelques étapes sont indispensables qu’on ne voudrait manquer sous aucun prétexte (un blog voyage en a si bien parlé !) : elles constituent autant de jalons de notre trajet.
En route …
Notre vrai point de départ était le Mont Gerbier de Jonc où, comme chacun sait, la Loire prend sa source. Nous avions décidé de nous en approcher au plus vite. La Haute Ardèche convenait bien à une première étape. Après un trajet, au plus rapide par l’autoroute, de Grasse jusqu’à Orange, notre périple a commencé. Un arrêt picnic s’est rapidement imposé : au bord d’une vigne dans la vallée de l’Escoutay où nous venions de nous engager après avoir traversé Viviers. Nous avions enfin quitté la vallée du Rhône. Un joli village perché avec église et château se dressait devant nos yeux un peu plus loin dans la vallée, de l’autre côté des vignes. Un échange de regards, la décision était vite prise : il nous faut aller voir !
Saint-Thomé en Ardèche
C’est le village de Saint-Thomé, sur la route qui mène à Aubenas, qui nous avait fait un clin d’oeil. Vous comprendrez en découvrant ces quelques photos que le village, fort bien entretenu et restauré, avait de quoi nous séduire. Il a une histoire qui remonte au moins au 5ème siècle : la chapelle Saint-Sébastien et l’église romane Saint-Thomas, au coeur du village, en témoignent. Le château et la maison noble du Chastelas, tous deux du XIIème siècle, sont les autres curiosités de ce village où il fait bon déambuler dans les quelques ruelles qui tournent autour et en contrebas de l’église.
Nous avons ensuite poursuivi notre route vers Aubenas pour rejoindre les rives de l’Ardèche. Nous connaissions déjà cette jolie ville très animée et nous avons décidé de l’admirer juste en passant : il nous fallait continuer notre route vers le hameau de Chirols où nous avions élu domicile pour notre première étape. Après avoir traversé Vals-les-Bains, nous avons rejoint Chirols par une très pittoresque route de montagne. Rendez-vous était pris avec Marinou devant la mairie. Sa maison était juste un peu plus haut dans le hameau avec un chambre d’hôtes aménagée dans l’ancienne grange. Vaste chambre organisée façon loft avec, au bas d’un escalier irrégulier en pierres … un jacuzzi qui occupe une petite salle voutée. Bien agréable relaxation après une journée de voiture ! Pas de table d’hôtes, mais Marinou nous a conseillé le restaurant « Retour aux Sources » où nous avons fort bien dîné et surtout passé une agréable soirée en conversant avec nos voisins de table, un couple de motards venant d’Annonay rencontré peu avant dans le hameau. Gérard, le mari, a une passion singulière : il inventorie tous les ponts du département, en texte et en images et les repère sur une carte. Je vous invite à jeter un oeil sur cet « inventaire » étonnant des Ponts d’Ardèche.
La Cascade de Ray Pic
Il restait un peu de route à faire le lendemain matin avant d’atteindre la source de la Loire. Il nous fallait juste décider de la route pittoresque à emprunter parmi les différentes possibilités offertes par la carte routière : nous avons choisi finalement de passer par Burzet et la vallée de la Bourges qui donne accès à la Cascade du Ray Pic.
Un très joli parcours dans cette vallée et une petite balade à pied pour aller voir la cascade. Après l’été sec que nous avons connu, la cascade n’était pas très impressionnante en cette fin de mois d’août. L’occasion néanmoins d’admirer les fameuses orgues de basalte sur lesquelles ruissellent les eaux de la cascade haute de 60 mètres.
La Loire prend sa source au Mont Gerbier de Jonc
Le reste du parcours jusqu’au Mont Gerbier de Jonc conduit sur un plateau vallonné parsemé de petits monts, les sucs. Le Mont Gerbier de Jonc est un de ces sucs, formations volcaniques sans cratère en forme de pain de sucre qui caractérisent le pays de la Haute Loire. Nous sommes déjà en altitude puisque le mont culmine à 1551 m. En contrebas se trouve la fameuse ligne de partage des eaux entre celles qui coulent vers la Méditerranée et celles qui, comme la Loire, choisissent de rejoindre l’Atlantique en empruntant le long chemin des écoliers. Nous avons cherché la source bien sûr, enfin une des sources puisqu’il y en a trois, pas moins ! Celle que nous avons vue, la source véritable, qu’il ne faut pas confondre avec l’authentique ou avec l’historique, … était à sec ! Bon, il faut dire qu’on était au dernier jour d’août d’un été très sec. Ce fut néanmoins une grosse déception : venir découvrir la source du plus long fleuve de France pour ne rien voir ! Heureusement, quelques kilomètres plus en aval le futur fleuve ressemble déjà à un ruisseau de montagne (sûrement l’effet des deux autres sources).
Le territoire de Mézenc
Le pays de Mézenc un peu plus au nord méritait une petite halte, quitte à laisser la Loire faire seule son début de parcours vers le sud avant qu’elle ne reprenne la route du nord et du Puy en Velay. Nous avons choisi de faire cette halte dans le village de Moudeyres recommandé par l’Office de Tourisme de Mézenc aux Estables. Moudeyres est un très joli village préservé aux maisons en toits de chaume ou de lauzes parfaitement entretenus dans lequel une petite balade photographique s’imposait.
Pour rejoindre les gorges de la Loire au sud du Puy en Velay, notre route passait à côté du viaduc de la Recoumène. Ce beau viaduc qui traverse une affluent de la Loire, la Gazeille, a été construit il y a un peu moins d’un siècle pour la ligne ferroviaire transcévenole … qui n’a jamais été achevée. Il parait que cette superbe réalisation est aujourd’hui utilisée pour le saut à l’élastique, ce que nous n’avons pas pu vérifier le jour de notre passage.
Autour du Puy en Velay : gorges de la Loire
Nous avons finalement rejoint et traversé la Loire, dans de belles gorges en amont de Cussac-Sur-Loire. La route longe ensuite la Loire du sud du Puy en Velay jusqu’à Retournac 35 km plus au nord, tantôt en rie gauche, tantôt en rive droite. Le château de la famille Polignac, au niveau de Lavoûte-sur-Loire a été l’objet de notre seul détour au cours de ce joli parcours. Château austère occupé par les Polignac depuis 1000 ans dont l’actuel duc de Polignac prétend qu’il le premier château de la Loire. Nous avons pu le visiter avec un guide expert sur la lignée des Polignac et le rôle important que certains d’entre eux ont joué dans l’histoire de France.
Notre expédition du jour devait se terminer dans une maison d’hôtes entre Loire et Lignon (autre affluent du grand fleuve) à Saint-Maurice de Lignon : « Les fermes du château » dans le hameau de Maubourg. Nous y avons passé une fort agréable soirée à table à déguster les produits locaux, notamment l’omelette aux champignons et les fromages (connus ou méconnus de nous, mais tous excellents) et à bavarder avec nos hôtes Agnès et François et un couple de flamands de passage qui faisaient route vers le sud.
Bientôt, la suite de ce road-trip qui nous conduira, après une halte dans une coopérative fromagère vers les lacs de Grangent (à hauteur de Saint-Etienne) et de Villerest (juste au sud de Roanne) avec encore de belles découvertes en traversant cette belle région.
Votre commentaire est bienvenu … Je réponds à chacun.
Articles similaires