C’était une période euphorique de cette année 2020 : après le confinement de mars-avril, après le déconfinement de mai-juin, l’été s’était installé, les restaurants et les cafés avaient réouvert et retrouvé une fréquentation presque habituelle ; les terrasses étaient bondées sur la Côte. Le démon du voyage nous a repris. Oh, pas pour une destination lointaine ou peu sûre, pas encore ! L’Italie voisine avait réouvert ses frontières depuis le début du mois de juillet : elle nous tendait les bras…
Nous en avons immédiatement profité pour découvrir le Piémont dans les premiers jours de juillet, plus précisément la région des Langhe, celle des vins : Barolo, Barbera d’Alba, Nebbiolo, Barbaresco, Moscato d’Asti, … des noms qui chantent. Celle aussi de la truffe blanche d’Alba (avez-vous déjà goûté un simple plat de pâtes parfumé à la truffe blanche ? Un régal !).
Une région, vous l’avez compris, où l’on sait ce que bien manger et bien boire veulent dire. Allez, je vous en parlerai dans un prochain article si je suis courageux.
Cette fois, sur l’initiative d’un ami photographe qui avait tout organisé de main de maître, il s’est agi d’une escapade à quatre, tous photographes, pendant trois jours au départ de Nice pour découvrir les architectures de Milan… les plus photogéniques de préférence. Un programme chargé, mais que de belles découvertes !
Je dois préciser que, pour Mo et moi, ce n’était pas tout à fait une découverte. Nous avions déjà passé un week-end à Milan, il y a une dizaine d’années, sans en retirer une impression aussi forte que pour bien d’autres villes italiennes. Pour tout vous dire, Milan nous avait même un peu déçus : à part le Duomo et la Galerie Vittorio Emanuele II, rien de vraiment spectaculaire !
Mais Milan est une ville dynamique qui a bien changé depuis : des immeubles modernes de bureaux ont été créés, des quartiers nouveaux sont apparus. C’est là que nous avons trouvé un terrain de jeu photographique vraiment digne d’intérêt.
Nous avions choisi un petit hôtel en plein centre historique, à deux pas de la Piazza del Duomo. Hyper bruyant avec les vieux tramways qui passaient en brinquebalant sous nos fenêtres jusqu’à une heure avancée de la nuit, mais on ne peut mieux situé au coeur de la ville.
Le Duomo
Malgré la chaleur intense de cette deuxième semaine d’août, nous sommes partis à la découverte de la ville sitôt les valises posées à l’hôtel. La Piazza Del Duomo, à une centaine de mètres de l’hôtel à peine, nous invitait à découvrir les monuments du centre-ville.
Le Duomo de Milan est toujours un choc visuel. Sa vaste façade d’un blanc nacré, les arcs rampants et les élancements des pinacles donnent une identité singulière à cette cathédrale néogothique qui a mis 600 ans à être construite. S’il ne nous a pas été possible de visiter l’intérieur, par contre, l’accès au toit était ouvert au public et nous avons profité de la vue sur Milan en côtoyant les éléments architecturaux ciselés qui contribuent fortement à l’élégance de cet imposant édifice. Les images parlent d’elles-mêmes.
La Galerie Vittorio Emanuele II
La Galerie Vittorio Emanuele II est l’autre attraction du centre-ville : elle s’ouvre sur la place du Duomo par un Arc de Triomphe et conduit par la galerie principale de près de 200 mètres de long vers la Piazza della Scala, où se trouve bien sûr la célébrissime Scala de Milan. Une seconde galerie perpendiculaire deux fois plus courte croise la première en son milieu offrant une place octogonale avec une très belle mosaïque au sol dont le centre représente les armes de la Maison de Savoie. C’est là que se concentrent les touristes en mal de selfies pour immortaliser… leur propre beauté ! La plus belle partie revient indéniablement aux verrières majestueuses qui couvrent les deux galeries et se rejoignent au centre en une croix romaine. Ce sont bien sûr des boutiques de luxe (les marques italiennes ne manquent pas en ce domaine !) qui occupent les commerces de rez-de-chaussée. On y trouve également cafés et restaurants.
On doit cette réalisation de la seconde partie du XIXe siècle à l’architecte Giuseppe Mengoni.
La gare centrale
Pour le second jour, nous avons ciblé la gare centrale, puis la Piazza Gae Aulenti dans le quartier de Porta Nuova en pleine rénovation depuis plus de 10 ans.
Le métro nous a emmenés rapidement de la Piazza Duomo à la Stazione Centrale. Depuis le métro, on accède directement à l’intérieur de la gare. Circulation des voyageurs un peu compliquée à cause de la Covid-19, mais nous avons pu néanmoins accéder librement aux quais pour admirer les immenses verrières qui protègent les voies… et faire quelques prises de vue bien sûr.
Avec ses 24 quais et ses 66.000 m2 de verrières, cette gare est imposante, à défaut d’être belle ou originale. Sa construction, lancée avant la Première Guerre Mondiale et inspirée de l’Union Station de Washington, n’a été terminée qu’en 1931, date de son inauguration, après avoir été largement modifiée par le gouvernement de Mussolini qui voulut en faire un symbole de la puissance de son régime fasciste. C’est peut-être la raison pour laquelle elle manque un peu d’élégance.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers la Piazza Gae Aulenti où se dresse la fameuse tour Unicredit dans le quartier Porta Nuova. Au passage, on découvre la magnifique réalisation architecturale du nouveau Siège de la Région Lombarde.
Le Palazzo Lombardia
Chemin faisant, nous découvrons une ville presque morte. Les bureaux sont fermés et la plupart des cafés et restaurants aussi.. Normal dans ces quartiers d’affaires : nous sommes dans la semaine qui précède la fête de l’Assomption de Marie, le 15 août. C’est Ferragosto et les italiens sont tous (ou presque) en vacances à cette période. C’est bien pour visiter et faire des photos, mais difficile de se rendre compte de la vie quotidienne de ces nouveaux quartiers. Ils étaient presque déserts !
Le Palazzo Lombardia, tout nouveau siège de la Région Lombardie, était sur notre parcours de photographes. Les images de cette réalisation qui doit beaucoup à l’architecte américain, d’origine chinoise, Leoh Ming Pei (oui, celui qui a réalisé la pyramide du Louvre à Paris !) sont assez impressionnantes. Les photos ne rendent compte que partiellement de cette réalisation gigantesque surmontée par un tour de 161 mètres. Nous n’avions pas la possibilité, ce jour-là, de visiter l’intérieur ni de monter au sommet de la tour, mais vous pouvez deviner la tour Regione Lombardia au travers de la verrière qui recouvre la grande salle couverte en forme de poisson.
Le Bosco Verticale
Pour rejoindre la Piazza Gae Aulenti, nous traversons un parc qui ouvre sur le célèbre « Bosco Verticale ». Ce complexe architectural conçu par Stefano Boeri avec l’aide de botanistes et d’horticulteurs a été achevé en 2014 : ses deux tours couvertes d’arbres et d’arbustes sont assez impressionnantes et on se pose mille questions concernant l’entretien de ces « forêts verticales » dont les variétés changent selon l’exposition nord, sud, est, ouest des façades des immeubles. Cette réalisation a été plusieurs fois primée pour son audace. C’est vraiment très original, un peu fou , non ?
On serait curieux de visiter un de ces deux immeubles d’habitation à l’intérieur.
La Tour Unicredit
Parvenus sur la fameuse Piazza Gae Aulenti, nous nous trouvons au pied de la Tour Unicredit, une oeuvre du célèbre architecte argentin Cesar Pelli, notamment pour les Tours Petronas à Singapour et mort en 2019 comme Ming Pei. Je vous laisse admirer au moyen des photos, dont certaines ont été prises depuis les sous-sols où il a fallu ruser un peu avec la sécurité qui voulait nous l’interdire.
Les Navigli
Pour dîner le soir nous avions opté pour un restaurant au bord des Navigli. Ce sont les canaux construits au XIIème siècle pour relier la ville au fleuve Pô et assurer ainsi le ravitaillement de la cité. Il y a foule en fin de journée pour la passeggiata ou pour l’incontournable aperetivo italien. C’est très fréquenté, mais nous y avons bien mangé néanmoins. Le charme de ce quartier très touristique nous semble un peu surfait par rapport à ce qu’on peut découvrir dans bien d’autre pays, sans même essayer de comparer à Venise bien sûr.
Tre Torri (les Trois Tours)
Pour le dernier jour et pour garder le meilleur pour la fin, c’est le nouveau quartier CityLife avec ses Tre Torri qui était au programme. Disons-le tout net, nous n’avons pas été déçu.
Le projet de ce quartier est né de la décision de déplacer le Parc des Expositions Fiera Milano vers la périphérie de Milan en vue de l’Exposition Universelle de 2015. Restait libre un site de 255000 m2 ; seul un bâtiment est demeuré sur place, le Palazzo elle Scintille. Des projets ambitieux ont été lancés pour l’occupation de ce vaste espace urbain, avec le projet d’un centre commercial et de trois tours d’affaires, la construction de deux ensembles de résidence et l’aménagement d’un parc de 170.000 m2.
Les véhicules n’y sont pas admis : voies de circulation et parkings sont en souterrain. Le parc doit accueillir des pistes cyclables et des parcours piétonniers. Le parc était encore inexistant à l’été 2020 quand nous avons découvert la Place des Tre Torri, le centre CityLife et les fameuses et spectaculaires trois tours). J’espère que mes quelques photos vous en donneront un aperçu et surtout l’envie d’y aller voir par vous-mêmes.
La première tour construite fut celle de l’architecte nippon Arata Isozaki et porte son nom. Haute de 209 mètres, elle comprend 50 étages avec une façade longue et étroite qui lui donne un air de fragilité, renforcé par la présence d’un système d’entretoises dans la partie inférieure. Cela donne l’impression qu’elle a été haubanée pour résister aux coups de vent !
Cette tour est celle de la société Allianz, mais elle a pour surnom : il Dritto.
La seconde tour est de l’architecte américain Daniel Libeskind. Elle n’a été achevée qu’en 2020 et porte également le nom de l’architecte. Haute de 175 mètres, elle ne comporte que 28 niveaux. Son surnom, Il Curvo, lui vient de sa forme : un partie d’une sphère idéale qui fait se pencher la haute de la tour vers la place Tre Torri en contrebas. C’est spectaculaire !
La troisième tour est ma préférée. Elle est de Zaha Hadid, cette architecte talentueuse anglo-irakienne que vous connaissez certainement malheureusement décédée en 2016 d’une crise cardiaque. Pour ma part, j’en connaissais deux réalisations : la tour CMA-CGM à Marseille et le Musée National MAXXI à Rome. Haute de 177 mètres, c’est la Tour Générali qui est surnommée Il Storto. La tour est littéralement vrillée sur elle-même. Vous devriez, comme moi être émerveillés par ce mouvement très élégant du bâtiment.
Laissons parler les images…
Ce dernier site visité est vraiment un paradis pour les photographes, tant il offre de points de vue différents. Je rêve maintenant de pouvoir y revenir à des heures différentes, y compris la nuit pour bénéficier de meilleurs lumières.
Merci de votre visite. N’hésitez pas à me laisser un commentaire.
Belle rétrospective de ce magnifique séjour à Milan. Nous y retournerons dans des conditions climatiques plus agréables.