Le site de Bagan, à lui seul, vaut le voyage en Birmanie. Il ne ressemble à rien d’autre au monde et témoigne de la splendeur du premier empire des Bamars (les birmans d’aujourd’hui) après leur victoire sur les Môns en 1057 par le roi Anawratha.
La plaine de Bagan s’étale sur environ 50 Km2 entre le grand fleuve qui traverse la Birmanie du nord au sud, l’Ayeyarwady, à l’ouest, et une petite chaine montagneuse à l’est. Elle est idéalement située au centre du pays sur la route commerciale principale qui traverse le pays du nord au sud. Pendant 250 ans, jusqu’à son invasion par les hordes de Kubilaï Khan, Bagan fut la capitale du pays.
Sous l’influence du moine missionnaire Shin Arahan, d’origine Môn, le roi Anawratha se convertit au bouddhisme theravada entrainant son peuple avec lui. Ceci explique la profusion de monastères, temples, pagodes et stupas qui ont été érigés dans la plaine de Bagan au cours des 250 ans d’existence de l’empire, notamment pendant l’âge d’or du royaume. On parle de 13.000 édifices religieux, dont il ne reste, après les invasions et surtout après les séismes des 19ème et 20ème siècles, que 2.000 aujourd’hui (on trouve dans les guides tous les chiffres entre 1000 et 4000, mais je ne me suis pas amusé à les compter pour savoir qui a raison !), .
Les monuments sont néanmoins dans un bon état de conservation qui témoigne de la qualité des matériaux utilisés et des techniques de construction. Nombre de temples contiennent aussi des peintures murales intéressantes. Marco Polo fut lui-même impressionné en 1277 par l’épaisseur des couches d’or recouvrant certains stupas.
Les temples sont disséminés dans la plaine de Bagan, à l’exception de ceux, les plus connus et les plus visités, qui se concentrent dans le périmètre d’Old Bagan, la ville ancienne fortifiée. New Bagan se situe à 4 km de distance ; il s’agit d’un village récent créé lorsque, en 1990, les autorités ont tout simplement obligé les habitants d’Old Bagan à évacuer la citadelle pour aller se reloger à New Bagan, ni plus, ni moins !
Carte de la plaine de Bagan (cliquez pour afficher la carte)
Pour se déplacer, et se repérer aussi, on a le choix entre plusieurs moyens de locomotion.
Le premier jour, au lendemain de notre arrivée, nous avons préféré la facilité d’une mini-calèche. Le conducteur baragouinait quelques mots de français, mais le dialogue est resté plutôt limité, si bien qu’il nous a conduit tout au long de la journée là où il le voulait. Ce ne fut pas si mal après tout : nous avons visité bon nombre de temples plus ou moins inscrits sur la liste des incontournables, déjeuné plutôt bien dans un restaurant d’Old Bagan proche du marché auquel nous sommes retournés le lendemain (délicieuse salade d’avocats), croisé une cérémonie, haute en couleurs et costumes chamarrés, de novices défilant dans un village avant leur entrée au monastère (voir quelques images dans la galerie exposition Femmes et enfants de Birmanie) et assuré notre présence avant le coucher du soleil sur le plus haut niveau accessible de la Shwesandaw Pagoda au milieu d’une foule de touristes.
Le second jour on avait le choix entre la bicyclette et l’e-bike, une sorte d’hybride électrique entre le vélo électrique et la mini-mobylette. les chemins sablonneux nous ont convaincus de choisir le moyen le plus facile. Ce fut assez amusant avec des dérapages plus ou moins contrôlés dans les parties sablonneuses. Cependant, le retour en fin de journée fut chargé de suspense, la batterie de mon engin ayant fini par s’épuiser complètement, après de nombreux signes de faiblesse. Heureusement, nous n’étions plus qu’à 200 mètres de notre hôtel !
Pour les touristes photographes que nous sommes, Bagan est un terrain de jeu passionnant et offre de belles opportunités de photos intéressantes, notamment au lever et au coucher du soleil. Pour shooter on peut en effet escalader certains temples, les plus fréquentés comme les plus isolés.
Le vol en montgolfière est aussi une alternative extraordinaire à ne pas manquer. Nous nous sommes offerts ce luxe (le vol d’une heure est très cher surtout en regard du niveau de vie des birmans) mais ne l’avons nullement regretté tant il offre des vues magnifiques et colorées sur le site exceptionnel de Bagan. Comme notre hôtel était situé à New Bagan, à l’opposé du point de départ à Nyaung U, il nous a fallu monter dans le vieux bus brinquebalant venu nous chercher dès 5h30 le matin. Après nous être gelés pendant tout le trajet (avec les arrêts inévitables pour récupérer les autres voyageurs), nous sommes enfin arrivés sur le terrain de décollage des ballons. Une petite collation et un briefing du pilote (une australienne dans notre cas) et le temps était venu de gonfler le ballon qui nous était attribué. De puissants ventilateurs, branchés sur leur groupe électrogène, s’en chargent.
Nous avions choisi le modèle à huit passagers seulement, moyennant un supplément de prix, tandis que d’autres embarquaient seize passagers par ballon. L’espace y était exigu mais suffisant quand même pour pouvoir utiliser nos réflex et leurs gros zooms. Ensuite une heure de pure magie : le soleil qui se lève sur les temples et sur la plaine, la brume mêlée de poussière et de fumée des feux domestiques, les autres ballons qui s’élèvent dans le ciel, la vue sur le grand fleuve, les ombres allongées des arbres et des arbustes qui parsèment la plaine, les cultures, la vie qui démarre avec le jour. Le vol permet en général de traverser la plaine du nord au sud ; parfois il s’effectue dans l’autre sens selon la direction du vent. Presqu’une heure plus tard, atterrissage réussi, non sans être restés en équilibre à 45% quelques longs instants. Une nouvelle collation pour nous remettre de nos émotions, échanger nos impressions, bombarder le pilote de questions et revenir à la vie normale après ce très beau moment hors du temps.
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