La Chartreuse de la Verne
Le département du Var recèle quelques trésors d’architecture : la Chartreuse de la Verne en est un qu’il faut absolument découvrir.
Nous y sommes allés un peu par hasard. Après avoir récupéré à Carnoules des tirages photos que j’avais commandés en vue d’une exposition à l’ESDAC d’Aix, nous disposions d’un bel après-midi libre : l’occasion rêvée pour aller visiter cette mystérieuse Chartreuse de la Verne dont nous avions entendu parlé une paire de fois.
Un ensemble imposant perdu au milieu du massif des Maures
Pour un ordre monastique qui privilégie la solitude, le site du Monastère Notre Dame de Clémence de la Verne en plein coeur du massif des Maures est un choix judicieux : il domine un océan de forêt dense assez impénétrable, loin de toute autre construction.
Pour le trouver, il vous faut emprunter la route qui joint Grimaud à l’est à Collobrières à l’ouest, puis accéder au monastère par une route étroite et sinueuse, interdite aux cars. Vous laisserez votre voiture sur un parking aménagé à la fin de la route et finirez à pied les 500 derniers mètres. Vous voici au coeur d’une forêt dense (chênes verts et chênes liège, pins, …) qui devient une châtaigneraie autour du monastère.
Le site est magnifique. Il se trouve sur le parcours de chemins de randonnée dans le massif des Maures. Laissons parler Guy de Maupassant : "J'ai fait, voici trois ans maintenant, au coeur de ce pays, une excursion aux ruines de la chartreuse de la Verne, dont j'ai gardé un inoubliable souvenir" et en parlant de la forêt des Maures : "... Je la connais, cette forêt aux mystères farouches. Ses maquis profonds sont presque impénétrables. Ses chênes, ses châtaigniers sont imposants, et partout une végétation luxuriante et parfumée vous fait croire que vous êtes dans quelque coin perdu de la Corse. Dans les profondeurs de ces sentiers de rêve, se trouve la Chartreuse de la Verne." Maupassant Journal, Sur l'eau, 1888
Le monastère, que l’on continue à appeler souvent la chartreuse en raison de son origine, est un bâtiment imposant qu’on aborde par l’ouest depuis le parking et qui semble être fortifié. En fait les imposantes façades d’enceinte ont servi à délimiter un espace plat nécessaire à la construction du monastère.
Quelques éléments d’histoire
C’est en 1170 que les évêques de Toulon et de Fréjus fondent en commun la Chartreuse de la Verne à la limite de leur diocèse respectif. L’église romane en sera consacrée en 1174.
Les Chartreux occupèrent peu ou prou le monastère jusqu’à ce qu’ils en soient définitivement chassés à la Révolution et que les bâtiments et terrains du monastère ne finissent par être vendus par l’état qui les avaient confisqués. Pendant ses six siècles d’existence la chartreuse a beaucoup souffert des incendies (13ème et 14ème siècles), des pillages, des Sarrazins, mais aussi des guerres de religion (1577). Il semble néanmoins qu’elle ait toujours été reconstruite et restaurée comme en témoignent des dates du 18ème siècle figurant sur plusieurs parties des bâtiments.
En 1921, la chartreuse est classée monument historique au titre de « vestiges dans la forêt », puis elle est revenue dans le patrimoine national (Administration des Eaux et Forêts) en 1961.
C’est en 1983, après avoir été l’objet de travaux importants conduits par l’Association des Amis de la Verne de 1969 à 1982, qu’elle est concédée par bail emphytéotique à la Congrégation des moniales de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de Saint Bruno.
Accès visiteurs du monastère
Extérieur des cellules de moniale et accès à l’église romane
Les moniales de la Verne et la solitude
Ce sont 13 moniales de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de Saint Bruno qui composent la Communauté de la Verne.
La famille monastique est une congrégation religieuse contemplative et monastique, de droit pontifical.
Les moniales de Bethléem prient, travaillent, étudient, prennent leurs repas et dorment en cellule. La journée monastique débute le soir avec les vêpres célébrées à la chapelle. Puis, les religieux se lèvent au cours de la nuit « où ils montent une garde sainte et persévérante, dans l’attente du retour de leur maître, pour lui ouvrir dès qu’il frappera » (saint Bruno). Ils se rendent ensuite à l’oratoire pour les matines, suivies des laudes et de l’eucharistie. Ce sont les deux seuls temps de célébration liturgique vécus en commun chaque jour, avec l’office des vêpres en fin de journée ; les petites heures de l’office divin sont célébrées en cellule. Le dimanche revêt un caractère plus fraternel : un repas communautaire, une grande marche et un partage évangélique réunissent les moniales.
Ces règles de vie aident à comprendre l’organisation des bâtiment du monastère. Le grand cloître autour duquel se déploient les cellules des moniales est bien sûr interdit à la visite.
Les cellules des moniales sont à la fois sobres, fonctionnelles et spacieuses ; un espace y est réservé à chaque activité (sommeil, repas, prière, travaux, …). On en visite seulement une cellule témoin.
Visite du monastère
Du monastère, on peut visiter les parties communes : la porterie, la grange, la boulangerie et son gigantesque four à bois, l’huilerie et le cellier servant à stocker les denrées et à confectionner les repas.
Se visitent également les lieux communs aux moniales : l’église, le petit cloître, les chapelles latérales du XVIème siècle.
Un visite qui vaut le détour, ne serait-ce que pour apprécier cet imposant et bel ensemble architectural créé au coeur même de la forêt, au service des voeux de solitude de quelques moniales.
Après la visite, on se demande quand même s’il n’y a pas là une débauche de moyens mis à la disposition de quelques-unes pour une finalité difficilement compréhensible pour ceux qui n’ont pas la foi.
Et toi, lecteur, connais-tu quelque lieu intéressant et isolé, peu fréquenté par les touristes, que tu voudrais nous conseiller de visiter ?
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Un très bel endroit empreint de calme et de sérénité j’aime beaucoup
Je confirme, on y est très loin du tumulte des villes, mais aussi des villages côtiers du Var si fréquentés.
j’aime particulièrement la lavande dans ces photos! ça transporte directement dans le sud 🙂
Merci pour la visite. La lavande bien sûr, mais aussi les arbres méditerranéens nous garantissent un décor très « régional » qui sent bon le sud !
Ah mais que c’est beau ! quelle sérénité, quel calme, j’adore cette atmosphère !
Et c’est dans ta région …
Jolies photos, cela donne envie de visiter la région ! 🙂
N’hésitez pas ! On y est proche de la côte et de ses zones touristiques, mais néanmoins isolé au milieu d’une nature protégée et généreuse.